Mississippi Records est le meilleur magasin de disques dans l'Oregon

Les disquaires ont longtemps servi de refuges pour les marginaux. Les beatniks, les inadaptés et les étranges ont mis leur confiance dans leur magasin de choix, sachant que ce qui se trouve sur ces étagères pourrait fournir une réponse, une nouvelle façon de penser ou juste un peu de tranquillité d'esprit. Fondé par Eric Isaacson et Warren Hill dans un quartier calme et modeste de North Portland, Mississippi Records accueille les excentriques de la ville à bras ouverts depuis son ouverture en 2003. Sans véritable business plan, l'éthique punk d'Isaacson, “toujours l'amour avant l'argent”, lui a bien servi ; Mississippi est désormais l'un des magasins les plus recherchés dans une ville qui compte le plus grand nombre de disquaires par habitant.

En tant que nouveau venu dans la Ville des Roses, j'ai passé presque autant de temps chez Mississippi Records que dans mon propre appartement. Quitter New York, loin des amis, de la famille et d'une forte communauté musicale a été parfois solitaire. Bien que Portland ne soit pas encore chez moi, Mississippi Records a joué un rôle majeur pour contrer mon mal du pays. Désormais partie intégrante de mon rituel du week-end, c'est aussi le premier endroit où mon fiancé et moi emmenons les amis venus de l'extérieur. J'ai eu du mal à m'adapter à la saison des pluies incessantes de Portland. Cependant, cela rend passer des heures à parcourir les rayons beaucoup plus attrayant. Certaines personnes achètent des lampes de luminothérapie ou se réfugient dans des cafés, mais moi, je vais directement chez le disquaire.

Juste après mon 30e anniversaire en août dernier, nous avons changé de côte en espérant un changement de rythme. Six ans à New York nous avaient donné envie de voir si nous pouvions appliquer notre mentalité de la côte est dans une ville beaucoup plus détendue. Nous avons eu la chance que nos activités professionnelles nous permettent de faire un tel changement avec une relative facilité. Depuis notre arrivée à PDX, la patience est un mot que nous utilisons souvent pour la décrire. Il y a un esprit de patience qui traverse chaque interaction, grande ou petite ici. Que ce soit pour s'insérer sur l'autoroute ou faire la queue pour l'épicerie, nous avons remarqué qu'il y a moins de gens qui pensent qu'ils sont la personne la plus importante à avoir jamais habité la terre.

À mesure que je me sens plus à l'aise avec mes capacités, mes intérêts et mes goûts, j'ai également développé (ou tenté de développer) une disposition plus patiente, en particulier en ce qui concerne l'écoute et la découverte musicale. Bien que l'on nous fasse souvent croire que nous avons toutes les chansons à portée de main, entrer chez Mississippi Records rappelle aux auditeurs que ce ne pourrait pas être plus loin de la vérité. Il fait un doigt d’honneur poli aux algorithmes, aux playlists et aux systèmes de musique d'entreprise. S'il y a un endroit capable de “Garder Portland Étrange” en 2017, c'est bien Mississippi Records.

Lors d'une récente visite, en cherchant un récepteur pour alimenter un nouveau jeu d'enceintes, j'ai été surpris par un système Concord vintage du Japon. On m'a dit que je pouvais le ramener chez moi, gratuitement, et lui faire un essai. “Si ça vous plaît, revenez quand vous voulez et donnez-moi 20 dollars,” a ajouté le caissier. Cela, après m'avoir montré presque chaque pièce d'équipement dans leur réserve et avoir discuté en profondeur de mes options, était énorme pour moi. Non seulement j'ai été frappé par le niveau de confiance dans cette transaction, mais cela s'insérait dans une vision beaucoup plus large de Portland pour moi, celle de la gentillesse, de la compassion et d'une véritable volonté d'aider les autres. Je suis parti du magasin ce jour-là en me sentant à ma place ici. Inutile de dire que le récepteur a fonctionné parfaitement.

Servant également de label sous le même nom, les deux entités fonctionnent avec presque aucune présence sur Internet, mais leur impact sur les communautés musicales locales et internationales est indéniable. Le bouche-à-oreille reste leur plus grand atout et c'est exactement comme cela que j'ai découvert Mississippi. Avant de visiter Portland pour la première fois à l'été 2016, un ami vivant à Seattle m'a parlé de leurs mixtapes artisanales présentant des artistes punk, soul, blues et world hors du commun avec des œuvres d'art originales. Collectionner ces mix est devenu une sorte d'obsession dans notre maison.

Michael Hurley, ancien de Mississippi et artiste folk outsider, n'est pas étranger au magasin. “Cet endroit est des frissons, des sueurs froides et de l'aventure à sensations fortes en gros. Grand sur le blues et les grooves ethniques internationaux. Les originaux et les raretés attendent de surprendre l'hipster averti n'importe quel jour, et il n'y a pas de jour de congé,” nous dit-il par e-mail. À côté du magasin se trouve Sweedeedee, un café intime nommé d'après l'une des chansons de Hurley. Les samedis, insiste-t-il, c'est là que ça se passe, “Dans les bacs bon marché, on peut détecter si Eric [Isaacson] n'aime pas personnellement un certain type de musique, il le laissera partir à bon marché. Donc je ne peux généralement pas résister à profiter de nombreuses bonnes affaires dans la gamme de prix de 4, 3, 2 dollars,” a-t-il ajouté. Entre Sweedeedee et le marché centré sur la santé, Cherry Sprout Market, de l'autre côté de la rue, Hurley soutient que “l'esprit public est élevé dans cette zone et cela se traduit par plus de ventes de disques.”

Shelly Short, auteur-compositrice-interprète native de Portland, a passé ses années de formation à voyager dans divers disquaires et friperies en fouillant les rayons avec des membres de la famille. “J'aimais la musique, mais je ne me sentais pas toujours la bienvenue ou libre de parcourir et parler aux disquaires. Cela semblait souvent intimidant,” admet-elle. Mississippi Records s'avérerait être le contrepoint à ce récit, fournissant un espace qu'elle décrit comme “une seconde maison.” Short peut parfois être vue derrière le comptoir du magasin en remplacement de Isaacson. De ce siège, Short a découvert de la musique qui a eu un impact durable sur elle, y compris “Synthesize Me” de la Space Lady. “Je suppose que c'est pourquoi j'aime être là et faire partie du label, car cela semble être un endroit où la magie peut opérer, et c'est souvent le cas,” a-t-elle ajouté.

Maintenant, avec plus de 15 000 LP et cassettes, Mississippi Records témoigne du pouvoir brut de la musique et de la communauté. Ils proposent maintenant le programme CSR Mississippi (Community Supported Record Program). Le CSR donne aux personnes ne résidant pas dans la grande région de Portland la possibilité d'avoir accès à des sorties limitées ainsi que de soutenir leur mission de maintenir les prix bas, pour rendre les artefacts culturels importants facilement accessibles et pour préserver les voix des artistes et de leurs ancêtres qui ont longtemps été ignorés ou exploités par l'industrie du disque grand public.

À New York, les gens disent souvent qu'il faut 10 ans pour être un “véritable New-Yorkais.” À Portland, personne ne compte. Bien que je sois un ajout au nombre croissant de nouveaux arrivants chaque année, j'espère ajouter de la valeur à cette ville — en tant qu'éducateur, voisin et artiste. Chaque jour qui passe, à chaque arrêt chez le disquaire, nous voyons comment Portland peut être gentille. Dans “Be Kind To Me,” Michael Hurley le dit très bien: “Je te l'ai dit une fois, je te l'ai dit deux fois, pourquoi être méchant quand tu peux être gentil. Allez, sois gentil avec moi.”

Ensuite, nous nous rendons dans un disquaire du Maine.