Les véritables actes de solitude devraient passer inaperçus, c'est pourquoi j'hésite à parler de The Lemon of Pink. Mieux vaut le laisser tel quel. Mieux vaut laisser cet artefact immaculé avec ses profondes cavernes sonores exister seul et loin de cette vie. Il est trop vivant avec des messages d'erreur et incompatible de manière rétroactive. Le chanteur et producteur Nick Zammuto, le violoncelliste Paul de Jong et la vocaliste Anne Doerner ont créé un espace paradoxal, un monde alien pressé contre la peau du nôtre. Toutes ces voix difficiles à cerner, cousues ensemble avec des fils de guitare, de banjo et de violoncelle, sont une drogue, un épais voile posé sur ce monde qui peut permettre un véritable moment organique de solitude.
Lorsque la musique de The Books est arrivée, c'était précisément ce genre de sentiment implacable qui a valu tant d'éloges à l'album. Elle ne semblait pas être connectée à d'autres sons ou styles à l'époque, et Zammuto attribue à la revue révélatrice de 8,4 de Mark Richardson sur Pitchfork le véritable coup d'envoi de la carrière de The Books. Richardson a capturé ce qui reste si merveilleusement fascinant chez The Books : il y a tellement de mystère à découvrir. Une fois que vous plongez dans l'album et que vous reprenez vos repères, il y a l'apparition de freak folk, musique concrète, néo-classique électro-acoustique, et indie café. Mais les chansons se déplacent dans et hors de la forme comme si chaque mesure de musique était une réplique faite de millions de grains de sable.