Chaque semaine, nous vous parlons d'un album que nous pensons que vous devez découvrir. L'album de cette semaine est We Are Sent Here By History, le nouvel album de Shabaka And The Ancestors.
La comparaison est là, alors je vais la faire : Shabaka Hutchings, comme Kamasi Washington, est un talent générationnel, un saxophoniste et un artiste singulier qui réactualise les sons classiques du jazz en quelque chose de nouveau et totémique.
Mais alors que Washington incorpore tout, d'Archie Shepp à Fela Kuti, dans ses albums épiques, Hutchings sépare plutôt ses réinterprétations du canon du jazz en trois groupes différents, alternant essentiellement les années depuis 2013 sur lequel l'un d'eux reçoit son attention principale. En 2018, Hutchings a signé un contrat global avec le vénérable label Impulse!, qui cette année-là a sorti Your Queen is a Reptile, un album de jazz avant-gardiste parfois informel. 2019 fut l'année de The Comet Is Coming, et de leur superlatif Trust In the Lifeforce Of the Deep Mystery, un album qui joue comme Sun Ra jouant avec Funkadelic pendant cette étrange fête avant la guerre dans les films Matrix. 2020, alors, est l'année de l'octet Shabaka and the Ancestors, le groupe qui a fait connaître Hutchings à un plus large public en 2016—et le jazz britannique en général, d'ailleurs—avec leur album Wisdom of the Elders. Leur nouvel album, We Are Sent Here By History, est une expansion et un raffinement de leur percée de 2016; c'est un mélange de jazz spirituel à la Eddie Gale, d'afrobeat, de poésie afro-futuriste à la Last Poets et de cris de guerre contre la masculinité toxique. Il va presque sans dire que c'est l'album de jazz à battre cette année.
Centred autour d'un récit interprété et écrit par Siyabonga Mthembu, We Are Sent Here by History examine le long arc de destruction causé par la suprématie blanche et comment il semble que l'extinction de l'humanité est un fait à venir. Puisant dans les traditions de narration caribéennes et africaines, Mthembu est le maître de cérémonie de l'album, criant, disant la vérité au pouvoir et exigeant l'attention pour ses sermons chantés tout au long des 11 pistes de l'album. En commençant par l'épique “They Who Must Die”, l'album évoque les générations passées, et s'écrase comme un tsunami. Le dernier morceau de l'album, “Teach Me How to Be Vulnerable”, est une ballade lente et triste interprétée avec un lead de Hutchings qui prend le titre littéralement; on dirait qu'il la joue tout en pleurant activement. Entre les deux, les Ancestors se déchaînent (“Beasts Too Spoke Of Suffering”), jouent du bop (“Behold the Deceiver”) et se rassemblent autour d'un feu de camp (“Finally, The Man Cried”). Il y a peu d'albums cette année dans n'importe quel genre qui couvrent autant de terrain en aussi peu de temps.
Avec sa construction narrative et ses thèmes plus profonds, We Are Sent Here By History est plus qu'un autre album incroyable du camp de Hutchings; c'est un rappel que le jazz a commencé comme une musique jouée par des Afro-Américains en dehors des limites des publics et des attentes blancs, et qu'il a encore un pouvoir immense pour être politique, insistant et vital. We Are Sent Here By History est tout cela, et plus encore.
Andrew Winistorfer is Senior Director of Music and Editorial at Vinyl Me, Please, and a writer and editor of their books, 100 Albums You Need in Your Collection and The Best Record Stores in the United States. He’s written Listening Notes for more than 30 VMP releases, co-produced multiple VMP Anthologies, and executive produced the VMP Anthologies The Story of Vanguard, The Story of Willie Nelson, Miles Davis: The Electric Years and The Story of Waylon Jennings. He lives in Saint Paul, Minnesota.
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